Les enjeux pastoraux de Diaconia 2013

Soucieuse d’ancrer la perspective d’une « nouvelle évangélisation » dans les réalités actuelles de la pauvreté, en France et dans le monde, et dans les initiatives menées pour y faire face, la démarche Diaconia 2013 se veut ainsi un projet pastoral susceptible de redonner du sens à l’engagement des chrétiens en Eglise et dans le monde.

Les enjeux pastoraux de Diaconia 2013

Servir la fraternité dans l’Église et dans la société, laisser Dieu convertir tous nos rapports humains - et d’abord avec les personnes les plus fragiles : la diaconie, qui consiste à évangéliser toutes nos relations, du plus proche au plus lointain, et que l’Eglise a sans cesse à redécouvrir, s’inscrit pleinement dans la perspective d’une « nouvelle évangélisation ». Soucieuse d’ancrer celle-ci dans les réalités actuelles de la pauvreté, en France et dans le monde, et dans les initiatives menées pour y faire face, la démarche Diaconia 2013 se veut ainsi un projet pastoral susceptible de redonner du sens à l’engagement des chrétiens en Eglise et dans le monde.

La diaconie au cœur de la vocation de l’Église

Dans sa première encyclique (Dieu est amour), Benoît XVI a souhaité éclairer d’une manière théologique la vertu de charité et la vocation diaconale de toute l’Église face aux nombreux défis de notre société. Le Pape y insiste sur le fait que la charité ne doit pas être seulement individuelle mais devenir un acte essentiel de l’Église en tant que communauté : « L’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle mais il est aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière et cela à tous les niveaux : de la communauté locale à l’Église particulière jusqu’à l’Église universelle dans son ensemble. L’Église aussi, en tant que communauté, doit pratiquer l’amour ».

Le service de la charité - au sein d’une communauté est une dimension essentielle de sa mission. Aucun de ses membres ne peut donc s’en dédouaner : « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), célébration des sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer ».

Les communautés chrétiennes, comme les mouvements et services d’Église, sont appelées ainsi à vivre une pastorale globale dans laquelle l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et le service de la charité vont se féconder mutuellement, car en définitive il s’agit toujours d’annoncer, à travers ces trois tâches, « l’amour dans la vérité dont Jésus s’est fait le témoin dans sa vie terrestre et surtout par sa mort et sa résurrection ».

Cette valorisation de la diaconie chez Benoît XVI s’inscrit clairement dans l’esprit de Vatican II et rejoint par ailleurs la perspective de la « proposition de la foi » présentée par la Lettre aux Catholiques de France de 1996 :

  • L’« Eglise-sacrement », expression promue par la Constitution sur la Liturgie, est appelée en effet à être signe du Royaume aux yeux de l’humanité et la fraternité vécue en son sein et envers le monde constitue une manière essentielle d’en témoigner, même si la mission de l’Église consiste aussi à reconnaître la présence du Royaume en dehors d’elle-même4. Les chrétiens sont également appelés par Gaudium et Spes à discerner les « signes des temps » et la diaconie, qui les conduit à sortir de leurs communautés et à rencontrer les souffrants, est un lieu-clé pour opérer un tel discernement aujourd’hui.
  • Quant à la Lettre aux Catholiques de France, qui continue à inspirer la pastorale de notre Église, elle a décloisonné l’annonce de la foi (« la mission ») et le service du Royaume dans le monde, en soulignant que l’articulation du kérygme à l’éthique est une exigence de l’acte de foi : « la réponse à cet amour gratuit de Dieu ne se réduit pas à un discours, elle s’accomplit dans un témoignage concret d’amour qui s’exprime en actes »5. Ce texte de nos évêques approuve également la préférence évangélique pour les pauvres et les exclus, envisagés comme « sacrements du Christ ». En définitive, l’attention aux souffrants, l’Amour-Charité vécu par les communautés chrétiennes donne chair, visage, crédibilité à l’évangélisation que tous sont appelés à vivre : « la façon de vivre des chrétiens requiert une véritable crédibilité, d’autant plus convaincante qu’est dramatique la condition de ceux vers lesquels on se tourne »6. En promulguant récemment l’« Année de la Foi », le Pape a rappelé combien « foi et charité se réclament réciproquement ».

Quelques points de repère

La diaconie : une expérience spirituelle personnelle

Le partage avec les petits et les pauvres, les malades et les personnes handicapées, au plan interpersonnel et collectif, est le lieu privilégié de la diaconie. Cependant, à travers la prière, la méditation de la Parole de Dieu et la vie sacramentelle, nous faisons l’expérience personnelle de l’amour de Dieu et de son pardon en communiant à la diaconie dont le Christ a témoigné à notre égard ; nous sommes encouragés à participer concrètement à sa diaconie et à en ressentir paix et joie dans les profondeurs de notre être.

La libération intégrale de l’homme que la rencontre du Christ permet transforme ainsi toutes nos relations, non seulement avec l’autre, mais aussi avec soi-même et avec Dieu. Ces trois modes d’expérience spirituelle sont appelés à se renforcer mutuellement pour que l’engagement diaconal tienne dans la durée.

La rencontre des plus fragiles : un pèlerinage aux sources

Les personnes engagées avec ceux qui sont en souffrance savent qu’elles en sont elles-mêmes transformées, élargies, et pour tout dire, évangélisées. Faire un chemin avec ceux qui d’habitude ne comptent pas beaucoup ramène en effet à l’essentiel. Avec eux, on peut difficilement engager la relation sur le mode du « donnant-donnant ». Ce faisant, ils invitent à retrouver ce qui fait le cœur des relations vivantes : ce lien où je m’entends appeler par mon nom, par toi, et où moi aussi, je t’appelle par ton nom, simplement parce que tu comptes pour moi.

Ces relations vivifiantes, celles qui nous relient aux vivants, celles qui parlent d’un amour sans repentir et sans détour, nous pouvons les lire comme un don de Dieu ; c’est en effet à travers elles que le Dieu de la vie se manifeste pour nous. Nous avons affaire à la Source. Les personnes les plus démunies font faire, en quelque sorte, un pèlerinage à cette source. Elles sont un guide sûr pour aider à accueillir la vie comme grâce, comme cadeau de Dieu, loin de tous nos calculs et de nos angoisses de réussite.

Ce qui est vrai pour les chrétiens, pourquoi ne le serait-ce pas pour leurs communautés ? Chaque cellule d’Eglise est invitée à se laisser reconduire au Dieu qui « fait vivre les morts et appelle à l’existence ce qui n’existe pas »8. Précisément, la fréquentation de ceux qui n’existent pas aux yeux des autres fait découvrir l’importance et le poids de cet appel à l’existence. C’est pourquoi cheminer avec les plus modestes aide grandement à connaître ce Dieu étonnant.

Le service de l’humanité ne peut être instrumentalisé pour un quelconque prosélytisme

Issu de l’amour de Dieu, ce service est appelé à lui ressembler et à être comme lui, sans arrière-pensée, sans condition, sans attente d’un « retour » autre que la joie des liens renoués. Son seul « pourquoi », est « parce que c’est toi ». Cela en écho à la manière qu’a eu Dieu de s’adresser à l’humanité pour lui dire son amour.

C’est la raison pour laquelle Benoît XVI, dans son encyclique Dieu est amour, insiste sur le caractère désintéressé des engagements caritatifs et solidaires des chrétiens : « (...) la charité ne doit pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour est gratuit. Il n’est pas utilisé pour parvenir à d’autres fins. ».

Les personnes en situation précaire ont elles aussi des soifs spirituelles

Le service de l’humanité blessée, parce qu’il est gratuit, ne peut pas être détourné au profit d’une autre finalité : Jésus, en s’adressant aux personnes pauvres, leur laisse toujours la liberté de ne pas le suivre. Cependant, quand des personnes abordent d’elles-mêmes ces questions et souhaitent en parler, se refuser à partager sur ce plan reviendrait aussi à leur faire violence, comme si elles n’en étaient pas dignes.

De fait, il arrive souvent que celles et ceux qui vivent dans la grande précarité aient une véritable expérience de Dieu : si l’on croit vraiment qu’il se fait proche des plus modestes, cela ne nous surprendra pas outre mesure ! Nous pourrons faire des découvertes considérables si nous acceptons de partager avec eux sur ce plan, unis par la fraternité de ceux qui cherchent Dieu. Quand les communautés chrétiennes se montrent accueillantes, elles peuvent ainsi avoir l’heureuse surprise d’être enrichies de nouveaux membres, qui certainement les stimuleront beaucoup dans leur foi.

Une communauté qui s’intéresse à son environnement ouvre aussi ses portes à l’Esprit

Ceux qui font alliance avec les plus fragiles, s’ils ne veulent pas que leurs rapports tournent à un face à face paternaliste ou fusionnel, savent qu’il leur faut aussi rejoindre des perspectives plus larges : connaître les travailleurs sociaux, se mettre en rapport avec des décideurs (les organismes d’Église spécialisés peuvent aider à ces rencontres), parler avec les politiques, réfléchir à ce qui conduit à la marginalisation de certains. Sur ce terrain, ils rencontrent beaucoup d’acteurs qui travaillent dans le même sens. Ce sont des personnes de tous horizons, qui ont en commun cette passion pour l’humanité. De ceux-ci ils apprendront beaucoup et seront probablement ouverts à des questions qu’ils avaient oubliées ou ignorées. Eux aussi pourront dire ce qui, en profondeur, motive leur engagement. De véritables « partages de foi » seront peut-être possibles en ces lieux : par là, des portes seront ouvertes pour laisser passer l’Esprit. Ainsi, quand une communauté chrétienne se soucie vraiment de la ville, du quartier, du canton où elle est implantée, quand l’Église se fait « conversation » avec le monde, elle rend possible beaucoup de nouveaux contacts, qui vont revigorer l’écoute de la Bonne Nouvelle.

Document épiscopal à l’occasion de Diaconia 2013

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